Aussi peu doit-on blâmer David, qui se sauva de même façon1 Sam.19 bu , quand Michol le dévala par la fenêtre, mettant au lit une certaine image, accoutrée de poil de chèvre, pour tromper les soldats de Saül. J’entends, que les Patrons des Comédiens, pour éluder la loi du Deuter. se prévalent de cet exemple, et de ce déguisement, que fit Michol, d’une image, pour représenter David ; concluent, ou l’approbation, ou la permission, ou pour le moins l’indifférence, de leurs déguisements Comiques et Tragiques : Mais devant que venir à cette conclusion, il faudrait avoir prouvé ces propositions : Qu’il n’y a point de différence entre une image de bois ; et l’homme, qui est l’image de Dieu : Que l’on peut faire de l’un, tout ce qu’on fait de l’autre ; Qu’il y a même raison, à aviser promptement, et par nécessité de quelque invention, pour éviter la furie d’un Tyran, et se déguiser et apprêter tout à loisir, pour donner du plaisir à un peuple ; Que tout ce qui se peut faire en la chambre d’un mari et de sa femme, se peut aussi faire en un Théâtre, et lieu public : Qu’une bouche, qui profère tantôt des saletés, tantôt des impiétés et blasphèmes, comme fait celle d’un bateleur jouant ses Comédies, et Tragédies ; ne diffère en rien, d’une chose muette et insensible, telle qu’était l’image de Michol. Il faudrait être insensé, ou insensible comme une image, pour se laisser persuader par telles raisons, où il n’y a ni ombre, ni image de raison. Nous nous moquons des Papistes, quand ils allèguent cette même histoire de Michol, pour maintenir les images en l’Eglise de Dieu, puisqu’il y en avait, ce disent-ils, en la maison de David, qui en était la figure : Et toutefois, il y a plus d’apparence, bien qu’aussi peu de force, d’alléguer pour ce sujet-là, que pour celui-ci.