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26. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Pourquoi l’image des peines qui naissent des passions effacerait-elle celle des transports de joie et de plaisir qu’on en voit naître, et que les auteurs ont soin d’embellir encore pour rendre leurs pièces agréables ? […] Comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celle d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contrepoison ! […] C’est qu’on y trouve l’image, l’attrait et l’aliment de ses convoitises. […] Le spectacle agit encore sur vous-même après qu’il est fini : l’image de la courtisane, ses paroles, ses regards, ses gestes, ses postures, sa démarche, ses grâces affectées, toute sa personne en un mot reste gravée dans votre imagination, et vous ne vous retirez qu’avec mille blessures mortelles. […] Lorsque vous revenez chez vous plein de l’image et épris des charmes d’une femme étrangère, votre propre femme vous paraît sans agréments, vos enfants vous sont à charge, vos serviteurs incommodes, votre maison ennuyeuse ; les soins journaliers de vos affaires vous fatiguent et vous pèsent, tous ceux qui vous approchent vous choquent et vous blessent.

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