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443. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Pour concevoir donc comment il a pu tolérer dans sa Philothée une chose si éloignée du but où il a dessein de la faire arriver ; il faut savoir que son intention étant de détacher doucement les âmes les plus liées au monde, et les moins capables de ces grands efforts nécessaires pour des conversions subites et éclatantes ; il les prend dans le plus bas état où elles puissent être, sans s’épouvanter de leur indisposition : Et dans le dessein de les faire mourir à elles-mêmes, il les attire par une sagesse et une charité cachée sous une indulgence apparente : il regarde les plaisirs du monde dans une idée métaphysique, qui les sépare des désordres principaux ; et néanmoins aprés cela, il n’en accorde l’usage que sous certaines conditions qu’on ne saurait garder fidèlement sans renoncer bientôt à tous ces plaisirs, qui est justement le but où il tend. […] Le repos qu’il est permis à l’homme de prendre, pour honorer celui de Dieu, n’est pas afin qu’il s’abandonne à la fainéantise, qu’il donne toute liberté à ses yeux, qu’il s’expose à des objets capables d’émouvoir ses passions ; mais afin qu’il rentre en lui-même, qu’il médite la Loi du Seigneur, qu’il interrompe les idées terrestres dont il a été occupé les autres jours ; pour rendre à son Créateur ce culte que les vrais adorateurs lui doivent rendre en esprit et en vérité.

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