/ 357
246. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Si l’on regarde la Comédie en elle-même et en général, c’est-à-dire, comme une représentation qui de soi est capable de divertir et de réjouir l’esprit humain, il n’y paraît rien de mauvais. […] Le plaisir est le véritable relâchement de l’esprit humain, comme le repos, dit Saint Thomas9 dans sa Somme, l’est à l’égard du corps fatigué, de sorte que selon ces principes, la Comédie qui est entre les divertissements un des plus grands en soi, séparée de toutes circonstances, n’est point une chose mauvaise, selon ce Saint Docteur au même endroit article 3. « La profession des Comédiens, dit-il10 , qui a pour but le divertissement des hommes n’est point de soi illicite et mauvaise. […] Secondement, il suffit que la Comédie soit mauvaise, par rapport aux sujets qui y sont représentés, ou que par les mauvaises circonstances qui l’accompagnent ordinairement, elle produise de méchants effets dans l’âme de ceux qui y vont, afin qu’on puisse dire qu’elle est défendue à toute sorte de personnes : car une personne doit éviter ce qui est communément une occasion prochaine de péché ; et quoique selon sa pensée elle soit persuadée qu’elle n’y tombera pas, néanmoins la connaissance qu’elle a de la faiblesse humaine doit la porter à se défier de soi-même, et à ne point s’exposer dans une occasion qui est mauvaise, et dans laquelle on offense Dieu ordinairement. […] Cette conduite est conforme à la doctrine des Théologiens après Saint Thomas, lequel parlant des Lois humaines qui laissent beaucoup de péchés impunis, dit105 que si elles les défendaient tous, cela empêcherait plusieurs biens qui en pourraient revenir.

/ 357