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13. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Je défie toutes les intelligences humaines d’expliquer un genre de mystère en morale, qui se présente ici d’une manière trop frappante pour n’être point digne d’une considération sérieuse. […] Sans parler des tyrans et des fléaux de l’espèce humaine, tous les ennemis de la liberté et du droit public ont saisi ce moyen comme le plus efficace pour consolider leur usurpation. […] « Cependant le malheur des temps nous a réduits à compter pour rien la dégradation des qualités spirituelles, la perte presque absolue et générale de cet essor généreux de l’ame humaine, de cette fierté noble, qui ne se nourrit que de vertu et d’honneur, qui ne craint que la bassesse et l’ignominie. […] Avant que ces foyers de l’infection générale soient anéantis, il seroit aussi raisonnable de songer à purifier le sang humain, que de se flatter d’arrêter les ravages de la peste eu lui laissant une pleine liberté de répandre et de renforcer son poison. […] Les nations ont imaginé toutes sortes de titres pour illustrer la mémoire des héros ; il en est un jusqu’ici inconnu, destiné au nouvel Alcide qui abattra le mimisme ; celui de restaurateur de l’espèce humaine. » Tel est, s’il m’est permis de lever un moment le voile de l’avenir, le discours que quelque puissant ami de l’humanité adressera un jour à un prince que la réforme des grands abus n’effraie pas.

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