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82. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

« Le savoir, l’esprit, le courage ont seuls notre admiration ; et toi, douce et modeste Vertu, tu restes toujours sans honneurs !  […] Ma confusion annonçait mon repentir, je cherchais des excuses que je ne pouvais trouver ; mon embarras et ma douleur se peignirent si bien dans mes yeux, que Madame D. en eut pitié ; elle eut la bonté de demander pardon pour moi et l’obtint : je crus alors que M. de Voltaire ne rejetterait pas le témoignage de mon repentir ; j’eus l’honneur de lui écrire : savez-vous quelle fut sa réponse à ma lettre ? […] Si un scélérat pouvait être estimé, assurément celui de M. de Voltaire mériterait cet honneur plus qu’aucun autre scélérat ; mais je suis bien certain que vous ne trouverez personne capable d’estimer un pareil monstre. […] Encouragé par les suffrages et les leçons de M. de Voltaire aux répétitions, appuyé de ses avis lumineux, j’étais parvenu à seconder passablement les talents de mon camarade ; et malgré tout ce qui manquait à mon extérieur pour me donner l’air d’un Héros, notre Auditoire me fit l’honneur de pleurer et de frémir en m’écoutant. […] J’estime son génie et respecte sa vieillesse ; mais, quelque honneur que je porte à sa personne, je ne dois que justice à ses Pièces, et je ne sais point acquitter mes dettes aux dépens du bien public et de la vérité. » cd.

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