Une vaste sale qui mugit, des Orateurs qui tiennent tout en suspens, rendent tout problématique, excitent toutes les passions ; enfin un morne silence, & un oracle qui se fait entendre ; il décida des biens de l’honneur de la vie. […] Mais il est un autre tribunal qui n’a rien que de risible, qu’on peut appeller la Parodie du Palais, quoique les auteurs qui y vont humblement plaider leur cause ne le redoutent pas moins, que le prévenu, sur la scellette, redoute l’arrêt de la Tournelle ; c’est le tribunal des Comédiens, où l’on juge souverainement de la vie poétique, de l’honneur dramatique ; & du profit de la représentation d’un poëte qui présente une piece nouvelle ; l’un des grands abus du théatre ; c’est l’empire souverain qu’on a laissé prendre aux comédiens, sur les auteurs & sur les piéces. […] Ainsi un auteur, s’il veut faire jouer ses piéces, doit commencer par perdre ses mœurs, & se résoudre à sacrifier l’honneur, & la vertu ; jusqu’à lors la scéne est inaccesible aux meilleurs ouvrages.