Mon Père que j’avais informé, appuya sa sollicitation et j’obtins un emploi : je m’en acquitai d’abord avec tout le zèle dont j’étais capable, on me mit sous les yeux pour m’encourager un Tableau de progression que j’envisageais avec plaisir, je me voyais déjà Fermier général en imagination et je ne réfléchissais pas que de dix mille Commis aux Aides, il n’y en a pas deux cents dans le Royaume qui jouissent d’appointements honnêtes. […] Une Demoiselle serait destinée au Théâtre, elle y jouirait d’appointements honnêtes, qui la mettraient en état de figurer décemment dans le sein de sa famille. […] Les Anciens avaient en général un très grand respect pour les femmes, mais ils marquaient ce respect en s’abstenant de les exposer au jugement du Public et croyaient honorer leur modestie, en se taisant sur leurs autres vertus etc : De là venait que dans leurs Comédies les rôles d’Amoureuses et des filles à marier ne représentaient jamais que des esclaves et des filles publiques, ils avaient une telle idée de la modestie du sexe qu’ils auraient cru manquer aux égards qu’ils lui devaient de mettre une honnête fille sur la scène, seulement en représentation.