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274. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Si dans les pièces où l’on expose le crime à nos yeux, les scélérats ne sont pas toujours punis, le spectateur est affligé qu’ils ne le soient pas : quand il ne peut en accuser le Poète, toujours obligé de se conformer à l’Histoire, c’est alors, si je puis parler ainsi, l’Histoire elle-même qu’il accuse ; et il se dit en sortant : « Faisons notre devoir, et laissons faire aux Dieux. »i Aussi dans un Spectacle qui laisserait plus de liberté au Poète, dans notre Opéra, par exemple, qui n’est d’ailleurs ni le Spectacle de la vérité ni celui des mœurs, je doute qu’on pardonnât à l’Auteur de laisser jamais le crime impuni. […] Si dans quelques Tragédies on a voulu nous intéresser pour des scélérats, ces Tragédies ont manqué leur objet ; c’est la faute du Poète et non du genre ; vous trouverez des Historiens même qui ne sont pas exempts de ce reproche ; en accuserez-vous l’histoire ?

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