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223. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Voilà pourquoy non content de rappeller dans sa memoire l’histoire de tous les siecles passés, il veut encore par une espece de magie que la comedie a inventée, tirer les morts de leurs tombeaux par une fausse resurrection, & les faire paroître sur le theatre sous des visages inconnus, sous des figures étrangeres, & avec des habits empruntés. […] D’où il arrive que ces vers qui décrivent si finement & si spirituellement ces petites foiblesses, étans prononcés d’une maniere touchante & d’un ton languissant, & accompagnés du geste, de la voix & des autres graces du visage & de l’habit, font bien plus d’impression sur les cœurs, que le stile fade & insipide avec lequel on décrit leurs vertus : & c’est ce qui me conduit insensiblement à ma derniere preuve que je tire des Acteurs, c’est à dire des Comediens, pour vous convaincre que la comedie est effectivement un reste du paganisme, ou si vous aimez mieux, le paganisme pretendu reformé. […] N’est-ce pas là, où la decoration du theatre, la bonne grace d’un Comedien & d’une Comedienne, le luxe des habits, la nudité des bras & des gorges, la beauté des vers, la douceur de la simphonie, les concerts de voix & d’instrumens, en un mot tout ce que l’Ecriture sainte appelle, mundum muliebrem , tous les ornemens du monde feminin, ont conspirez ensemble, pour remplir vôtre veüe & vôtre oüie de mille especes lascives, pour soûlever en suite les passions de l’ame, & corrompre toutes les vertus, par les semences des vices, & par le poison du plaisir.

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