Racine, dont les piéces ne respirent que la douceur & la mollesse, a mis l’amour à la mode sur le Théatre, & a habillé les héros de l’antiquité à la Françoise. […] S’il met deux héros ensemble, l’un n’est pas ravallé par un odieux contraste. […] La Tragédie ne doit exciter que la terreur & la pitié ; l’une & l’autre résultent principalement du choc des plus fortes passions, des combats des héros contre les tyrans, des Dieux contre les Destins. […] C’est, ajoute-t-il, ce qui est arrivé à la tragédie sur la plûpart des Théatres ; au lieu des grandes actions, des sentimens généreux, qui excitent le courage, la vertu, l’émulation, la compassion, la crainte, l’estime, l’admiration ; on ne voit presque plus, par le mauvais goût du siécle, que des intrigues de galanterie où des héros effeminés, font les pitoyables personnages d’amans passionnés. » Il est rare que les hommes soient agités de deux grandes passions dans le même tems. […] Deux héros, deux ambitieux, n’agissent jamais dans les mêmes circonstances.