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70. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Cor. 11 aj , il devrait suffire, au moins à ceux qui croient, que Dieu même a distingué les œuvres, en la première Création ; et que vouloir par tels déguisements, confondre, ou changer, et contrefaire les sexes, n’est autre chose, que remuer les bornes de l’ordonnance Céleste, faire la guerre à Dieu, et à la Nature : Mais quand outre cette raison générale, et empreinte naturellement en toute âme raisonnable, nous avons d’abondantak un Commandement en termes autant exprès, et clairs, qu’aucun autre, qui soital en tout le reste de l’Ecriture, lequel défend, que l’homme ne soit vêtu de vêtement de femme, ni la femme de vêtement d’hommeDeut. 22. […] Nous savons, grâces à Dieu, et ne sentons que trop, ce que demande l’état de la vie humaine en ce monde : Nous ne faisons la guerre, ni à la nature, ni à la société ; nous accordons tout ce qu’on peut alléguer, pour la nécessité des recréations ; mais nous disons, qu’elles doivent être séantes aux Chrétiens, non contraires à Jésus-Christ, ni à son Evangile ; que l’on doit en user selon la raison, non selon notre passion ; que l’on doit viser à ce qui est agréable à Dieu, et convenable à notre profession ; Qu’il faut éprouver et discerner toutes choses, et retenir ce qui est bon : Qu’il faut combattre, et repousser les mauvaises coutumes, et les scandaleux exemples, comme les plus pernicieux ennemis de l’intégrité de nos mœurs : Que si entre les Païens tels exercices de farceries et bateleries, étaient indignes d’un personnage de qualité, voir suffisaient à déshonorer ceux qui s’en mêlaient, il préjudicient bien plus à la gravité et sainteté requises en un Chrétien. […] Je prie le lecteur de la lire sur le lieuew, et désirerais bien, que quelques-uns considérassent cette sévère mais très juste répréhension, que cet Evêque-là fait, sur la fin de ce 6. livre, à ceux de Trèves, qui après la ruine de leur ville, après des massacres, et autres malheurs, présentèrent requête aux Empereurs, pour avoir permission de célébrer des spectacles ; prononçant, que ceux qui faisaient cette demande à leurs Princes, étaient plus malheureux à cause de la pe rte de leur sens et entendement, qu’ils montraient en cela, qu’à cause de la perte de leurs biens et parents, perdus par la guerre. […] En sa Cité de Dieu il allègue CicéronLib. 2. cap. 13 ex , qui fait dire à Scipion, Que les Romains estimant cet art du tout infâme non seulement déniaient droit de bourgeoisie aux Comédiens, mais ne les souffraient non plus entre les gens de guerre, tant ils les jugeaient dépravés et pernicieux. […] [NDE] les protestants français ont été, pendant les guerres de religion, les dignes successeurs des premiers martyrs chrétiens : l’idée est chère à la polémique protestante, de Jean Crespin à John Foxe.

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