Son père Gustave étoit trop sérieux & trop sage pour s’amuser de ces folies, & occupé dans la guerre qu’il fit en Allemagne n’avoit pas de temps à y perdre ; ses prédecesseurs n’en connoissoient pas même le nom : sa fille Christine fit à Thalie une réparation authentique du mépris de sa nation & de sa maison, elle bâtit un théatre, fit venir à grand frais & soudoya des troupes de Comédiens, fit jouer toute sorte de piècces, y passoit des temps considérable ; des dépenses & des occupations si frivoles qui nuisoient à toutes les affaires de l’État, furent une des raisons qui dégoûtèrent de son gouvernement, & enfin l’obligèrent d’abdiquer. […] On se voyoit à la veille d’une grande guerre, n’ayant rien pour en soutenir les frais ; les revers si ordinaires à la guerre, pouvoient aisément flétrir ses lauriers, dont les Ministres & la Reine avoient ceint plusieurs fois son front. […] Idée fausse, dans un Royaume héréditaire le successeur est tout désigné par sa naissance ; ainsi en Angleterre l’union des maisons rivales d’York & de Lancastre par un mariage, termina une guerre qui avoit bouleversé l’État pendant tant d’années. […] Mais sache encore, Daphnis, que sa main adorable, En adresse, et valeur a nul autre semblable ; Au milieu de la guerre, & dans le champ de Mars Cultive les vertus & fait fleurir les arts. […] C’est une femme qui le pense , dîsoit-on en France, quand Baile rapporta cette lettre dans son journal, c’est une Comédienne : & cependant ces deux choses dans le même temps ébranlent la Religion à faire la guerre au Pape, & vouloir la maintenir en faisant la guerre aux Huguenots.