Le roi de Prusse a fait un livre contre Machiavel, & le justifie par sa conduite ; ses guerres sont la réponse à les écrits : ce livre vivant est lui-même un trait de Machiavélisme. […] Il étoit très-opposé à la faction des Médicis, qui vouloient asservir Florence, & y réussirent enfin, perfas & nefas, à force de guerres civiles, d’assassinats, d’intrigues sans nombre, qui forment l’histoire la plus chargée & la plus odieuse : on pourroit en tirer vingt tragédies. […] Dans les guerres d’Italie, Louis se ligua & fit la guerre pour & contre avec le Pape, l’Empereur, le roi d’Espagne, les Vénitiens, les Suisses, les Génois, & perdit toutes ses conquêtes. […] A la guerre, il sonne avec la trompette, il tire avec le canon, il ravage, il brûle, il massacre tous les drapeaux de la gloire & de l’intérêt de l’Etat : les conditions les plus basses ont leur Machiavélisme ; on en voit le germe jusque dans les enfans. […] On doit susciter des guerres civiles & étrangeres ; les royaumes se soutiennent par les armes.