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174. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

On l’a toujours fait, on le fait encore ; on feroit même bien d’y ajouter les jeux des Grecs & des Romains, la course, la lutte. […] Les Sages du Paganisme ont condamné les spectacles, surtout pour la jeunesse, non à cause de l’idolatrie, puisque c’étoit pour eux un acte de religion ; non pour l’impiété, ils respectoient leurs Dieux ; non pour l’obscénité, les tragédies grecques sont peu galantes, & certainement moins licencieuses que les nôtres ; mais par une raison prise du fond des choses, & de la nature même des spectacles, il ne faut pas allumer les passions de la jeunesse, elles n’y sont que trop vives, ni représenter même pour les blâmer, les vices qu’elle ne doit pas imiter, dont il faut lui donner de l’horreur & conserver l’ignorance, si elle est possible. […] Le caractere de la nation plus sensible, la rend plus susceptible de passion, l’ancien théatre plus vaste affoiblissoit les objets le nôtre réunit tous les rayons dans un foyer, où l’œil souille le cœur, il saisit sans peine ce dont il est aussi tôt consumé ; notre scene est beaucoup plus dangereuse, elle enchérit infiniment sur la scene grecque & romaine.

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