Il est vrai que plusieurs de ceux qui assistent à ces actions de Théâtre, n’ont pas ces remords intérieurs, mais il ne faut pas juger de leur insensibilité, que ceux qui en sont inquiétés aient une conscience erronée ou scrupuleuse, mettant du péché où il n’y en a pas : Car outre qu’en ressentant ces reproches contre leur propre volonté, et qu’ils font ce qu’ils peuvent pour les étouffer, il est constant que c’est la seule lumière des vérités chrétiennes qui les produit, et que la crainte de faire mal allant à la Comédie, est un effet, non d’une conscience erronée, mais plutôt de cette grâce qui la rend timorée, qui reste dans l’âme après qu’elle est tombée dans le péché, comme une semence de conversion. Il ne faut pas s’étonner que la grâce produise cet effet dans l’âme d’un Chrétien : car « Quotquot receperunt eum dedit illis potestatem filios Dei fieri eis qui credunt in nomine ipsius », Joan. 1 [Evangile de Jean, chap. 1, verset 12d toutes les vérités qui lui donnent le pouvoir d’être enfant de Dieu, sont tellement combattues par les idées que ces spectacles jettent dans l’esprit, qu’il est impossible à ceux qui s’y amusent, de jouir d’une véritable paix. […] C’est unei horrible présomption, de se persuader que le secours de la Grâce (sans lequel nous ne pouvons éviter le mal, ou faire le bien, et qui ne nous manque jamais, tant que nous marchons dans la voie où Dieu nous a mis pour aller à lui) nous suive jusques dans ces lieux où l’on ne se peut trouver avec affection, qu’en se détournant de Dieu, et transgressant toute sa Loi.