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82. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

C'est une armée d'ennemis, la plus nombreuse, la mieux armée, la mieux disciplinée, la plus aguerrie, la plus souvent victorieuse, qui attaque l'âme par tous les sens, par toutes les facultés, par toutes les passions, tous les goûts et tous les penchants à la fois. […] Mais ce sont des voix, des gestes, une âme, des talents, des grâces ; mais c'est une légèreté, une figure, une action, un goût ! […] Partout édifiant et délicat sur les bienséances, il évite jusqu'à l'apparence du mal, il ne trouble les exercices de piété, ni n'affaiblit l'onction de la grâce et le goût de la dévotion : goût incompatible avec le sentiment volontaire des passions. […] Cette dissipation est contagieuse, elle est trop du goût de la passion pour ne pas faire des progrès rapides. […] Un goût naturel de frivolité fut d'abord le jeu du théâtre ; ce fruit si ressemblant et si cher l'a répandu par un juste retour sur toute la face de la terre.

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