Achille lui-même ne vous a-t-il pas autant engagé dans ses sentiments, quand il suit ce que sa gloire lui inspire, que quand il semble s’abandonner à l’amour ; et ne m’avouerez-vous pas qu’il était aisé de ne se point ennuyer à l’Iphigénie, quand il n’y aurait point eu du tout d’amour ? […] Si, dis-je, Achille n’avait été possédé que du désir de la gloire, ou que de son ambition, ne se serait-il pas intéressé à la conservation d’Iphigénie, quand ce n’aurait été que pour faire voir qu’il avait du crédit dans l’Armée ? […] . » En effet les honnêtes gens ne peuvent souffrir qu’un grand homme néglige le soin de sa gloire et de sa conservation pour conter des douceurs à sa Maîtresse ; et s’il arrive que ce grand homme perde ou la victoire ou la vie pour avoir trop écouté son amour, la compassion que l’on aurait pour lui sans cela se change en indignation, ou du moins elle diminue beaucoup. […] Il pourrait désirer la gloire, et être délicat sur sa réputation ; car ces sentiments naturels étant combattus par sa Religion pourraient produire de fort belles choses. […] Monsieur Corneille n’est pas le seul qui peut tracer aux autres le chemin inconnu dont vous parlez ; l’Auteur d’Iphigénie pourrait l’entreprendre avec d’autant plus de gloire pour lui, qu’il a toujours réussi dans les sujets tendres et passionnés.