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101. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Le quiétiste s'unit à Dieu dans ce moment, dit-il, et s'en fait un mérite ; Thalie, plus humble et plus vraie, ne se pique point de ce mérite et de cette gloire, et ne pense point du tout à Dieu. […] Dévoré d'un saint zèle, il va tout entreprendre pour sa gloire ; il est si plein de respect pour Jupiter, Apollon, Mars, quel va être son courage pour la cause du Dieu véritable ! […] Il en est même qui révoltés contre la lumière importune qui la leur découvre, ont le front de justifier leurs ténèbres et de s'en faire gloire : « Tergens os suum, dicit, quid feci ? […] L'apathie stoïcienne est une chimère, le Sage sent comme un autre, et souvent plus qu'un autre, le plaisir et la douleur ; mais est-ce une gloire à l'esprit humain d'avoir inventé un art antiphilosophique, tout occupé à détruire ce que la raison a imaginé de plus parfait, à armer, à animer contre nous ce que la vertu nous ordonne de combattre jusqu'à la mort ? […]  » C'est donc le siècle des contradictions : la philosophie et les spectacles sont au plus haut point de leur gloire.

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