Ces vers de Prudence ont été heureusement traduits par M. le Franc dans son voyage de Provence, & appliqués aux arênes de Nîmes : C’est dans ce même lieu qu’une jeune beauté Qui ne respire ailleurs qu’amour & volupté, Par le geste fatal d’une main renversée Déclaroit sans pitié sa barbare pensée, Et conduisoit de l’œil le poignard suspendu Dans le sein d’un Athlète à ses pieds étendu. […] Il est vrai que dans les siecles gothiques on les voyoit assister aux tournois, y regarder rompre les lances, blesser & tuer les Chevaliers les animer des yeux, de la voix & du geste, & distribuer le prix au vainqueur. […] Jamais les Courtisannes ne furent si séduisantes, ni étalées dans un jour si favorable, que des filles sur un théatre, exercées à la danse, au chant, au geste, à la déclamation, à des rôles, à se parer, à figurer, admirées, applaudies, choisies avec des talens & des graces, parlant toujours passion, en connoissant tous les rafinemens, entretenues, pensionnées, &c. […] un coup d’archet fait tout marcher, un coup d’œil, un geste fait voler leur cœur. […] N’est-ce pas par des gestes, des chants, des danses, qu’on ranime les sens blasés d’un Bacha ?