Les tons, les regards, le geste, l’ame que l’Auteur donne à toutes les passions, sont la source de la volupté & du plaisir qui affecte le spectateur ; & la volupté n’est guere analogue aux préceptes de la vie vertueuse. […] Le lecteur n’est sensible qu’aux graces du style, qu’à la beauté des pensées : au lieu que le spectateur est exposé à tous les charmes d’une déclamation animée, d’un geste vif, d’une voix séduisante, des attitudes d’une Actrice, qui n’épargne rien pour séduire le cœur, & s’attirer tout le tribut qu’on peut rendre aux graces & à la beauté d’un sexe qui n’a pas besoin de tant d’art pour nous séduire. […] Ce qui a d’autant plus d’efficace & de puissance, que les paroles, les accens, les gestes, les mouvemens & actions conduites avec tous les artifices qu’on puisse imaginer, laissent une impression vive en l’ame de ceux qui tendent là tous leurs sens. […] C’est sur ces impertinens amphigouris que nos Musiciens épuisent leur goût & leur sçavoir, & nos Acteurs leurs gestes & leurs poumons. […] Il est rapporté dans la Gazette de France, du 17 Mai 1697, « que Louis XIV le proscrivit, parce que l’on n’y gardoit pas les réglemens ; que l’on y jouoit des Pieces licencieuses, & que l’on ne s’y étoit pas corrigé des obscénités & des gestes indécens ; que quelques personnes de la premiere qualité, protecteurs de la Comédie Italienne, avoient agi auprès du Roi pour la révocation de son Arrêt contre elle, mais que leurs démarches furent inutiles ».