des gens curieux, légers & frivoles, qui veulent tout voir, excepté eux-mêmes ; des gens oisifs & paresseux, dont l’unique occupation est de ne rien faire, l’unique soin de n’avoir aucun soin, passant du lit à la table, de la table au jeu, du jeu au spectacle, sans discernement & sans goût ; des gens accablés d’affaires, qui comme dans un port après l’orage vont à la comédie se délasser ; des gens fatigués de querelles domestiques, qui vont s’y consoler ; des gens sans caractère, esclaves de la coutume, qui y suivent la mode & la foule ; de vrais libertins, qui veulent satisfaire leur goût pour le vice, & repaître leurs yeux & leur imagination d’objets impurs ; des jeunes gens, qui sous les drapeaux de la galanterie courent apprendre le rôle, le langage & les maximes de l’amour, & s’enfoncer de plus en plus dans le bourbier de la corruption. […] Les ruses de l’amour sont infinies, & ce n’est pas par des valets, des gens de la lie du peuple, comme dans quelques farces, c’est par des gens polis, habiles, distingués par la fortune, les places, les talens, des hypocrites d’une vertu apparente, qu’on fait tendre les pieges & porter les coups. […] n’est-ce pas se rendre complice de leur désordre, & comptable de leur scandale, que d’entretenir des gens dévoués au vice, qui ne travaillent que pour lui, & l’inspirent à un grand nombre ? […] Voici des meurtres plus déplorables, des gens qui tuent leur ame, qui se damnent pour me divertir ; quel plaisir puis-je y goûter ? […] Il caractérise la profession de Comédien : ce sont des gens qui se damnent pour divertir.