Ils prétendent qu’elle soit incompatible avec les plaisirs les plus innocents, et ainsi, de cette familière déesse qui s’accommode avec les gens de tous métiers et de tous âges, ils en ont fait la plus austère et la plus jalouse de toutes les divinités. […] Il s’est contenté de nous faire la guerre en renard, et lorsqu’il a voulu nous montrer que la comédie en général était un divertissement que les gens de bien n’approuvaient point, il en a pris une en particulier, où son adresse a supposé mille impiétés, pour couvrir le dessein qu’il a de détruire toutes les autres. […] Nos intérêts nous sont toujours plus chers que ceux d’autrui, et je suis si fort persuadé qu’il est fort peu de gens, dans le siècle où nous sommes, qui n’aidassent au débrisc de leurs plus proches voisins, s’il leur devenait utile ou profitable, que les coups les plus injustes et les plus inhumains ne me surprennent plus. […] Monsieur de Molière, qui connaît le faible des gens, a prévu fort favorablement qu’on tournerait toutes ces équivoques du mauvais sens, et, pour prévenir une censure aussi injuste que nuisible, il fit voir l’innocence et la pureté de ses sentiments par un discours le mieux poli et le plus coulant du monde. […] Il vous laisserait sans doute en repos, si ce n’est qu’il a lu qu’il fallait publier les défauts des gens pour les en corriger.