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85. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Quand on eut bien distingué ce qui concernoit-les différens caracteres des deux genres de la Poësie Dramatique, on songea à ce qui concernoit le stile, la mesure des Vers, les chants & les danses, chaque Poëte faisant des changemens suivant ce qui lui paroissoit convenir au caractere de la Tragédie ou de la Comédie. […] Après avoir fait rire le Peuple par ces Piéces Satyriques dont j’ai parlé, par des Silles, ainsi nommées du Dieu Silene qui y paroissoit, & par des Parodies dans le goût des nôtres ; les Poëtes chercherent un genre de Poësie destiné à faire rire, qui fût plus régulier, & entreprirent de donner la forme de la Tragédie à un Poëme qui seroit une imitation en Dialogues des Actions ordinaires de la vie Civile. […] On croit qu’Aristophane fit des Piéces de ce genre. […] Il en falloit de grandes pour orner une vaste enceinte, qui contenoit une multitude si prodigieuse, qu’afin que la voix s’y fît entendre de tous, côtés, on avoit placé des vases d’airain sur tous les degrés, de maniere qu’il y eût un espace vuide entre ces vases & le mur, afin que la voix s’étendant du centre à la circonférence, & frappant les cavités des vases, les ébranlât suivant leur consonance, qui étoit reglée sur les genres, en harmonique, chromatique, & diatonique, ce que je rapporte sans entreprendre de l’expliquer. […] Plusieurs Poëtes réussirent dans ce nouveau genre : mais la gloire de Menandre couvrit de ténebres leur nom, dit Quintilien, qui malgré les éloges qu’il donne aux sages Comédies de Menandre, regrette ces graces du langage Attique, & cette éloquente liberté qui regnoit dans la vieille Comédie.

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