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84. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Ces choses ne plaisaient qu’aux gens d’un médiocre génie, les honnêtes gens en trouvaient de plus délicates et de plus relevées : c’était par ces beaux endroits que les Tragédies plaisaient alors, et c’est par là qu’elles plaisent encore maintenant. […] Dites tant qu’il vous plaira que les Tragédies Chrétiennes ne sont propres que pour les Collèges, je soutiendrai toujours qu’elles peuvent plaire à la Cour, et aux gens du monde, pourvu qu’elles soient conduites par d’excellents Auteurs, qui aient assez de génie pour en soutenir toute la Majesté. […] Quand même ces hommes Savants auraient du génie pour le Théâtre, ce qui n’est pas impossible ; je ne voudrais pas qu’ils s’en fissent honneur ; ou du moins je ne leur permettrais pas de s’abandonner à leur génie en de certaines passions. […] C’est un défaut dont il est aisé de se corriger, et comme l’Auteur de cette Pièce a du génie, on n’aura peut-être rien à lui reprocher sur la première Tragédie qu’il fera paraître. […] Car on veut de la tendresse dans les Tragédies, et vous savez assez ce que l’on dit des dernières Pièces de Monsieur Corneille, que c’est faute de tendresse qu’elles n’ont pas tout le succès que mérite le grand génie de leur Auteuran.

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