Le Temple de Pallas avoit été profané par la passion d’un libertin, & le Général idolâtre se proposoit de prophaner, de détruire le Temple du vrai Dieu. […] Grand nombre d’interpretes attribuent tous à l’inspiration divine ; c’est une défaite générale & commode, comme les miracles dans la Physique, qui ne sert qu’à montrer l’impuissance de résoudre la difficulté, comme si Dieu pouvoit inspirer des péchés. Sans doute le fond de l’événement, l’entreprise, le courage, la fermeté d’une femme qui, pour délivrer sa patrie, s’expose à tout dans le camp ennemi afin de surpendre le Général, & lui ôter la vie, ont été inspirés de Dieu. […] Aucune Actrice, aucune femme mondaine ne peut se flatter d’une réputation aussi saine, aussi générale, aussi constante ; elle a même l’équité de ne pas y prétendre, & à quelque prude près dont on n’est point la dupe, elle aspire à une réputation bien différente, gloire qu’elle mérite & qu’elle obtient sans peine. […] Les discours du Prince, du Général, d’Achior, du Grand Prêtre, de Judith, d’Ozias, feroient de belles scenes, offriroient des sentimens de toute espece, pourroient ramener toute l’Histoire Sainte, sans avoir besoin d’épisode d’amour, ni de donner des amans à Judith, contre son caractere & son dessein, comme a fait l’Abbé Boyer dans la seule piece de Judith qui soit connue, & qui est aussi médiocre que par décente.