Pour aller au même but, les Italiens n’ont pas fait comme les Français : ils ne se sont pas servis de Valets, ni de suivantes pour tendre des pièges à l’innocence, ou pour seconder la débauche des amants de Théâtre ; mais ils ont substitué, aux Esclaves, des hommes et de vieilles femmes, qui font le métier de séduire la jeunesse ; et, en cela, quoique le mal soit toujours le même, du moins les mœurs du temps ont été plus régulièrement suivies par les Italiens, que par les Français : D’ailleurs, s’il se trouve quelquefois des suivantes peu délicates sur l’honneur de leurs maîtresses, ce vice, par bonheur, est assez rare ; d’où il suit qu’il est extrêmement pernicieux d’en produire des exemples qui ne peuvent qu’inspirer des idées de corruption à celles qui ne la connaissent pas. Ces méthodes si scandaleuses dans les Italiens, aussi bien que dans les Français, jointes aux amours, soi-disant honnêtes, sont la base du Théâtre moderne, et en font en même temps tout le défectueux et tout l’indécent, malgré le préjugé du plus grand nombre des Spectateurs, qui croient le Théâtre de nos jours irréprochable.