Il est impossible de nier la grandeur et l’éclat d’une époque qui honore la nation française ; mais il est impossible aussi de ne pas reconnaître qu’à travers tant de gloire les mœurs de la cour pouvaient être plus pures, et nous en voyons le reflet dans les compositions de Racine. […] Il châtia la vanité avec moins de succès, et le Bourgeois Gentilhomme n’a corrigé personne ; il faut s’en prendre à la nature rebelle d’une maladie si profondément enracinée dans le cœur des Français : jadis il y eut des Jourdains, nous en avons encore aujourd’hui, et on en trouvera toujours. […] Enfin, la verve railleuse de Beaumarchais rappela les spectateurs au Théâtre Français. […] Je ne connais pas de scène au théâtre français où la main d’un grand maître soit plus sensiblement empreinte, et où le sacré caractère de la vertu l’emporte plus sensiblement sur l’élévation et le génie. […] Les auteurs, pour se justifier, ne peuvent pas se prévaloir de l’action des mœurs sur la scène ; et si toutes les horreurs qu’ils inventent pour amuser la nation la plus douce du monde, attirent la foule, elle n’est conduite que par l’attrait de la nouveauté, par cette insouciance légère que l’on reproche avec quelque justice au caractère français.