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64. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

En Hollande les comédiens ne sont pas sur le ton des acteurs & des actrices de Paris, ce sont des artisans qu’on paye fort médiocrement ; ils jouent pour leur argent, on s’en contente & tout va bien. […] On rapporte que le Pere de l’Arioste le grondoit un jour fort vivement, & fort long-tems ; l’Arioste l’écoutoit avec la plus grande attention, sans rien répondre pour se justifier : son frere lui demanda, quand son pere se fut éloigné, pourquoi il n’avoit rien répondu pour sa défense ; c’est , lui dit-il, que je travaille actuellement à une comedie, je suis a une scéne où un vieillard gronde son fils, & je veux prendre celle-ci pour modele. […] Dans le temple de la fortune, joli conte de M. la Dixmerie, il est dit qu’Aglaé jeune & jolie fille, & fort coquette, mais pauvre, se présente à la fortune & lui demande du bien pour faire briller ses charmes, & la route qu’il faut tenir pour y parvenir. […] Arnaud quoique fort irrité, ne peut s’empêcher de convenir, que Nicole avoit pris le change, que ce n’est point à l’art qu’on doit faire le procès, mais à l’ouvrier qui péche contre le but & l’intention de l’art. […] Calderon moins fécond, mais fort supérieur à Lopez, est le Corneille de l’Espagne, selon nous, & selon le langage de Madrid : Corneille est le Calderon de France ; ils étoient contemporains.

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