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167. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

.° Le personnage de Dorine servante, est très-indécent, non seulement par la longueur de quatre cens vers, qui en fait un des principaux de la piece, ce qui est contre son état, mais parce qu’elle se mêle de tout, entre dans toutes les conversations, & parle à tout le monde avec une insolence outrageante, malgré les défenses réitérées de ses maîtres, & les menaces de la battre : Vous êtes forte en gueule & fort impertinente. […] Moliere a cru sans doute ce trait fort brillant. […] 3.° C’est une indécence, même entre gens de la lie du peuple, & à plus forte raison entre gens qui ont de la naissance & de l’éducation, que ces injures des halles, ces termes grossiers dont toute cette piece est farcie, coquin, fat, fou, sot, garniment, diable, peste, Dieu me damne, la fondre m’écrase, &c. […] Et cependant cette servante si plattement bouffonne, dit souvent de beaux vers, d’un tour, d’une élévation fort au-dessus de son état, qui font un contraste avec sa bassesse & ses plattitudes, & couvre l’Auteur de ridicule : Servetur adimum qualis ab incapto processerit, & sibi constet. […] Faut-il que notre honneur se gendarme si fort, Que le feu dans les yeux & l’injure à la bouche … Pour moi de tels propos je me ris simplement, Et ne suis point du tout pour ces prudes sauvages Dont l’honneur est armé de griffes & de dents.

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