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158. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

L’amour étant la plus forte impression que le premier péché a fait sur nous, rien n’est plus dangereux que de l’exciter, que de le nourrir, & de s’exposer à tout ce qui en favorise le cours. […] Ce qui rend la Comedie plus dangereuse, c’est qu’elle éloigne tous les remedes qui peuvent empêcher les mauvaises impressions qu’elle fait sur nous : car aprés avoir amolli notre cœur, elle enyvre si fort notre esprit de toutes les folies qu’elle lui represente, qu’elle nous met hors d’état d’avoir la vigilance nécessaire pour résister aux mauvaises idées qui nous restent de ce que nous avons vu & entendu. […] Quelque attention qu’ils ayent à se tenir sur leurs gardes, à peine peuvent-ils se préserver de l’infection du mauvais air qu’ils y respirent : quelles peuvent être les plaies & les chutes de ceux qui menant une vie toute sensuelle, s’exposent à des dangers dont les plus forts n’entreprendroient pas de se tirer ? […] Un mari en revient la têté remplie de Héros & d’Héroïnes ; il imprime si fort dans son esprit toutes ces chimeres, que ses affaires domestiques lui deviennent importunes.

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