Les chemins & les rues étoient jonchés de fleurs ; tous les appartemens d’un palais immense en étoient si remplis, & les murailles si couvertes, qu’on auroit pris tous les planchers pour des prairies, & les chambres pour des berceaux de jardins, sans compter les jardins à perte de vue, qui environnoient le palais ; ce qui seroit impossible dans les pays septentrionaux, mais qui n’est pas si difficile, quoique fort extraordinaire, en Egypte, pays couvert de fleurs dans toutes les saisons, & fort voisin de l’Arabie dont les aromates font la récolte & les richesses, & lui même fort fertile en parfums ; aussi est-ce un des pays du monde où le vice regne avec plus de licence. […] Mais ce fait est fort incertain, au lieu que celui des Juifs n’est pas douteuxt. Dieu donne aux hommes de grandes leçons dans la distribution des odeurs ; les bonnes ne sont accordées qu’avec une sorte d’économie, ce ne sont que quelques fleurs qui en en exhalent, les végétaux, les mineraux n’en ont point ; chacune ne se répand que dans une fort petite sphere ; sa durée est fort courte. […] Ces odeurs se répandent plus loin, durent plus long-temps, sont très-souvent fort nuisibles, & leur sensation est beaucoup plus désagréable que les bonnes odeurs ne sont agréables. […] Nous n’avons pas, il est vrai, des idées précises de ces tourmens ou de ces joies, qui peuvent être fort différentes de ce ce que nous éprouvons ici bas.