de quoi nous ont-ils plus fait craindre les funestes conséquences ; et à quoi ont-ils plus attribué les suites fatales et plus donné la force du précepte ? […] Une femme qui se sent chargée d’elle-même jusqu’à ne pouvoir en quelque sorte se supporter ni souffrir personne, dès qu’une partie de jeu vient à lui manquer ; qui n’a d’autre entretien que de son jeu ; qui du matin au soir n’a dans l’idée que son jeu ; qui n’ayant pas, à l’entendre parler, assez de force pour soutenir quelques moments de réflexions sur les vérités du salut, trouve néanmoins assez de santé pour passer les nuits dès qu’il est question de son jeu ; dites-le moi, mes chers Auditeurs, cet homme, cette femme gardent-ils dans le jeu la modération convenable ? […] Tel jeu n’est rien pour celui-là, mais il est tout pour celui-ci ; l’un peut aisément porter telle dépense, mais elle passe les forces de l’autre, et ce qui seroit un léger dommage pour le premier, doit avoir pour le second de fâcheuses suites : ainsi on a des dettes à payer, on a une nombreuse famille à entretenir et des enfants à pourvoir, on a des domestiques à récompenser, on a des aumônes à faire et des pauvres à soulager ; à peine les revenus y peuvent-ils suffire, et si l’on étoit fidele à remplir ces devoirs, on ne trouveroit plus rien, ou presque rien pour le jeu.