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276. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Les femmes ont encore moins su auquel entendre ; sous la minorité de Louis XIV, on les critiquait sur la légèreté de leurs goûts ; elles ont été sensibles à ces reproches et se sont livrées à l’étude des sciences et des lettres ; elles fréquentaient les savants et voulaient avoir dans leur cercle leur mathématicien, ou leur littérateur ; Molière est arrivé, et s’est mis à crier de toutes ses forces, aux précieuses, aux femmes savantes ! […] Cette manière d’agir, aussi peu sensée que celle de frapper rudement et bouleverser un homme endormi pour l’éveiller, tandis qu’il suffit de l’agiter doucement, quoique bien établie et admirée aujourd’hui, doit faire regarder enfin les auteurs qui l’emploieront avec aussi peu de raison comme des forts à bras littéraires, ou des don Quichote, mus par l’orgueil et l’amour propre, dont le principal objet est de faire montre de l’étendue de leur esprit, de la force de leur génie, en produisant de grands effets, bons ou mauvais, n’importe, pourvu qu’ils soient extraordinaires et étonnants, et qu’ils fassent beaucoup et long-temps parler d’eux. […] C’est ce que pratiquent habituellement les gouvernements, dont les sages ministres savent que les hommes sont faits ainsi ; que c’est l’intérêt personnel qui les régit plus ou moins impérieusement et les fait agir sous le masque de quelque vertu que peu possèdent en perfection, que beaucoup n’ont qu’à demi, dont le plus grand nombre n’a encore que l’apparence ; que pour les obliger à l’acquérir ou à la cultiver, il est plus expédient de la leur supposer, en y attachant un grand prix, que de faire des tours de force et beaucoup de bruit pour montrer à tout le monde qu’ils ne l’ont point.

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