Si je m’abandonne à la rigueur avec les Pères de l’Eglise, et que j’invective contre la Comédie comme contre une des plus pernicieuses inventions du Démon, je ne puis lire nos Théologiens, ces grands hommes si distingués par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leur raisonnement, et plus encore par la force de leur autorité. […] Cette bouche d’or de la Grèce avait diti que ce n’est pas Dieu qui est l’Auteur des jeux, mais le Démon, et pour donner de la force à ce qu’il avait avancé, il avait apporté ce passage de l’Ecriture : « Le peuple s’assit pour manger et pour boire, et il se leva pour jouerj. » Mais S. […] Outre cette foule de témoignages qui sont en ma faveur, je puis encore former une forte preuve tirée des paroles et de la conduite des Saint Pères en général, et vous faire remarquer que ceux qui ont parlé si fortement contre les Comédies, ne l’ont pas fait avec moins de force contre les jeux de Cartes, de Dés, etc. […] semblable, dit un Père de l’Eglise, à un arc qui pour être trop bandé se rompt, au lieu qu’après avoir été un peu relâché il frappe avec plus de force : ce qui a donné lieu à ce Proverbe, « Apollon ne tient pas toujours son arc bandé. » Aristote en rend la raison, lorsqu’il dit qu’il est impossible que l’homme subsiste dans un travail continuel, et qu’il est nécessaire que le repos, les plaisirs et les jeux succèdent à ses soins, à ses travaux et à ses veilles ; ce qui a fait dire à un Ancien« Opsimus laborum medicum », Pyndar. […] Car pour les premiers, il leur est libre d’y aller ou de n’y point aller : on ne force personne d’y assister contre sa conscience ; et après une journée de travail, ce n’est pas trop qu’une heure ou deux « Quam vis in rebus humanis, etc. ».