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126. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

L’Electeur trop foible prend la fuite aux approches de son Protecteur, & lui abandonne sa capitale ; sa petite armée est assiégée dans son camp de Pyrna, & se rend prisonniere de guerre ; il entre triomphant dans Dresde, va de suite à la Comédie, & force les filles de l’Electeur d’y venir avec lui les yeux baignés de larmes. […] Qu’elle ne m’abandonne par lâchement à la merci de mes ennemis, après avoir attiré sur moi toutes les forces de l’Europe. […] La seconde attachée à la grande Maîtrise où ses ancêtres ne se sont maintenus que par la force, le soumet au Roi de Pologne comme à son Seigneur souverain, & ne lui donne aucun droit sur le reste. […] N’est-il pas bien singulier qu’un grand Philosophe qui ne veut point de vœux monastiques, qui crie contre les parens lorsqu’ils disposent de la vocation de leurs enfans & les destinent au clergé ou au cloitre, que ce grand philosophe abandonnant ses principes, dispose souverainement de la vocation de tous ses sujets, & les engage à la guerre sans liberté, sans réflexions, sans connoissance, & les force de servir quand il lui plait ? […] Pour se faire craindre de ses voisins, ce qui est le chef-d’œuvre de la politique, il faut avoir une force réellement supérieure, ce que je n’ai pas, ou du moins comme moi faire valoir celle qu’on a.

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