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117. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

Ce soin même que prennent les auteurs des pièces de théâtre, de couvrir leurs mensonges de l’apparence de vérité, afin qu’elles puissent être agréables rend témoignage à ce que j’avance, et prouve invinciblement que l’esprit de l’homme est créé pour la vérité ; mais cet attachement prodigieux à des fictions et à des chimères, fait voir d’autre part qu’il est devenu plus vain que la vanité, puisqu’il préfère l’image à la réalité, des mets en peinture à une viande solide, et qu’il consume misérablement ses forces et sa vigueur à poursuivre des fantômes, et courir après l’ombre de la grandeur. […] En formant de grandes et pompeuses images des créatures, en les relevant sans cesse, en leur attribuant une grandeur, une force, une puissance qu’elles sont bien éloignées d’avoir, disons plus, une espèce de divinité, en sorte que l’esprit s’abat et se prosterne devant l’ouvrage de l’esprit d’un homme, comme faisaient autrefois les peuples abusés sous le règne de l’idolâtrie, devant celui d’un sculpteur ou d’un peintre. […] Je puis dire avec vérité qu’il n’y a point de désordre qu’ils aient combattu plus souvent et avec plus de force.

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