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225. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Lorsqu’après deux mille ans d’infamie, & cent cinquante de sommeil, depuis sa création, l’Académie s’éveille en sursaut, & propose à toute la France, son prix littéraire pour couronner l’apothéose de Moliere ; delà les panégyriques, les statues, les farces, les couronnes, les dédicaces, les déifications, & toutes les folies théatrales. […] Ce n’est pas que les Hollandois n’aient des spectacles, il y a des théatres à Amsterdam, à la Haye, mais c’est plus pour les étrangers que pour eux ; leur caractère sérieux & modeste, simple & laborieux, les éloigne de ces folies ; les affaires du commerce les occupent trop pour leur en laisser le loisir ; mais ils esprésentent à la frivolité, à la pétulance des François qui sont chez eux en grand nombre, & à l’habitude qu’ils ont prise de la comédie ; ils ont porté leurs antiques mœurs dans leurs colonies, & n’ont pas voulu y introduire cette cause de libertinage, comme à Geneve, où malgré l’éloquence de M. d’Alembert, les mœurs un peu Suisses, n’ont jamais souffert le théatre, non plus que dans les Cantons.

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