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216. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Cette décoration, ce langage, tous tragiques qu’ils sont, n’exciterent ni terreur ni pitié, ni ne firent pleurer personne, jamais, je ne dis pas l’Evangile qui est fort éloigné de cette élégance, mais aucun des Saints Peres, ni Grecs ni Latins, quoique le théatre fût fort en vogue de leur tems, n’ont employé ces expressions prophanes, n’ont eu recours à ces métaphores, ni comparé ses souffrances divines avec les folies & les infamies de la scéne ; mais aujourd’hui on en est si enivré qu’on ne pense, qu’on ne parle, qu’on ne respire que théatre, comme tout l’étoit autrefois du burlesque & des pointes, & l’ Orateur en chaire en seme l’Evangile . […] Les femmes n’auront plus d’Autel & de Temple ; la toilette & les loges de la comédie leur en fourniront  : il n’est pas permis de les adorer en effet ; mais on continuera de le leur dire ; ce langage est établi , & la folie de l’amour est un vrai culte .

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