Qu’apprend un Bacchus, une Vénus, un Vulcain, un Satyre, les folies des Bacchantes, les groupes d’enfans avec leur jeux puériles ? […] Quel fruit peut-on tirer des images ridicules du traité de la folie ; par Erasme, de l’histoire des chats, de la Fête des foux, des contes de la Fontaine, de tous les Romans, dont le seul catalogue feroit des volumes ? […] Incapable de s’appliquer à rien, de rien approfondir, voltigeant d’image en image, de folie en folie ; on ne cherche qu’à s’amuser, comme si la vie n’étoit qu’une comédie ; l’étude des sciences, la pratique de la vertu n’étoit qu’un jeu. […] Le Temple de Gnide, ouvrage très-dangereux, où toutes les folies de la passion sont décrites par des idées les plus voluptueuses, avec une légèreté & une négligence de style, qui ne respire que la molesse ; cet ouvrage n’est point achevé, c’est une galerie de tableaux passionnés, tracés par une imagination, qui s’égare, & voltige sur les objets de l’amour ; c’est une piéce à tiroir, un tissu de scénes que la Réligion, la vertu, la décence défendent également de garder & de lire, & défendoient au Président de Montesquieu de mettre au jour, aussi-bien que les Lettres Persannes, dont il n’approche pas pour le mérite littéraire.