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22. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

.° C’est une grande indécence, ou plûtôt un crime, qu’un fils parle à son père ou à sa mère de la maniere la plus insolente, & le père à son fils avec le plus grand emportement. […] Il le prend chez lui avec son garçon, l’y garde malgré sa famille, lui donne sa fille & tout son bien ; au préjudice de son fils unique, chasse pour lui son fils de sa maison, se laisse gourmander par sa servante, &c. […] C’est encore un emporté, un furieux, un jureur, qui parle à son fils, à son frère, à sa mère, à sa servante, comme un crocheteur ; une ame basse, qui insulte son ennemi vaincu, veut donner des coups de poing aux Huissiers, laisse tendre des pieges par sa propre femme, au risque de son honneur, & certainement au mépris de toutes les bienséances, à un homme qu’il croit un saint, pour le tenter d’adultère, & se cacher sous une table pour en être témoin. […] Damis, le fils, n’est qu’un étourdi, un fou, un emporté, qui ne respecte ni père, ni mère, ni grand’mère, & ne garde aucune bien-séance. […] & après avoir été surpris par le fils, déféré au mari, abandonné par la femme, peut-il un quart d’heure après donner, comme un sot, dans le piege grossier qu’on lui tend ?

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