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103. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Les amateurs des Spectacles espèrent-ils donc que vous leur direz un jour, venez mes bien-aimés, venez recevoir des Couronnes immortelles, parce que vous avez plus fréquenté les Théâtres, que mes Temples ; parce que vous vous y êtes remplis des maximes d’un monde que j’ai maudit ; parce que vous y avez enivré vos sens de tout ce que ma loi condamne ; parce que vous y avez cherché tout ce que votre Baptême vous défendait ; parce que vous y avez sacrifié au Démon l’ennemi de mon Eglise, l’ennemi de toute vérité : et vous mes Saints, qui avez pleuré, gémi, crucifié votre chair pour ma gloire et pour mon amour, allez au feu éternel. […] saisis du plus terrible effroi, vous verriez des hommes couverts d’un vêtement de feu, demandant, comme le mauvais riche, une goutte d’eau pour rafraîchir leur langue, maudissant d’une voix épouvantable le moment qui les vit naître, et cherchant dans les abîmes un repos qu’ils ne trouveront jamais. […] Lorsque vous sortez du Spectacle, dit Saint Chrysostome, et que vous revenez dans vos maisons, brûlant du feu de cette concupiscence que le Théâtre a allumé dans vos veines, vous méprisez une femme sage et modeste, et vous n’êtes remplis que des airs lascifs que vous avez entendus : que des visages immodestes que vous avez vus ; que des leçons de vanité qu’on vous a données. […] Lisez les Actes des Martyrs, et c’est là que vous verrez des membres palpitants sur des roues ; des corps mis en pièces par la rage des bourreaux ; des têtes séparées de leur tronc par l’activité d’un feu dévorant ; des hommes tout vivants couverts de bitume et de poix, allumés comme des torches pour servir de lumière aux passants ; des hommes exposés dans les Cirques et dans les Amphithéâtres, à la férocité des Tigres et des Lions, comme un Spectacle propre à amuser le Peuple et les Empereurs.

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