Ils chercherent les Sujets les plus propres à les émouvoir, comme une fille immolée par son Pere, deux freres qui s’entretuent, un Mari égorgé par sa Femme, un Fils assassinant sa Mere, ce Fils poursuivi ensuite par les Furies, & quel Spectacle que celui de cinquante Furies si hideuses, que plusieurs femmes enceintes se blesserent de frayeur ! […] Dans l’Antigone un Pere arrive tenant dans ses bras son Fils qui vient de se tuer ; on lui présente en même tems le corps de sa Femme qui vient aussi de se donner la mort ; c’est lui qui est la cause de ces deux cruels Evenemens, & il se trouve entre ces deux cadavres. Dans les Pheniciennes, les cadavres d’Etéocle, de Polinice & de Jocaste sont apportés : Œdippe au milieu de ces trois cadavres, prie sa Fille, parce qu’il a les yeux crevés, de conduire sa main tremblante, sur le corps de ses Fils & sur le corps de celle qui a été sa Mere & sa Femme. […] Ce n’étoient que gémissemens, que larmes ; & les Poëtes choisissoient le plus qu’ils pouvoient des Femmes pour composer les Chœurs : les Femmes qui sont pleureuses, étant plus propres que les Hommes à repéter les αἶ, αἷ, ϕευ, ϕευ, οττοτὸι.