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279. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Le Beau-frère plus pleinement confirmé dans son opinion qu’auparavant, prend occasion sur ce sujet de faire des réflexions très solides sur les différences qui se rencontrent entre la véritable et la fausse vertu : ce qu’il fait toujours d’une manière nouvelle. […] Je ne feins pas de vous avouer, que ce sentiment me paraît un des plus considérables effets de la corruption du siècle où nous vivons : c’est par ce principe de fausse bienséance qu’on relègue la Raison et la Vérité dans les pays barbares et peu fréquentés, qu’on les borne dans les Ecoles et dans les Eglises, où leur puissante vertu est presque inutile, parce qu’elles n’y sont cherchées que de ceux qui les aiment et qui les connaissent ; et que comme si on se défiait de leur force et de leur autorité, on n’ose les commettre où elles peuvent rencontrer leurs ennemis. […] Mais non seulement quand l’impression première de Ridicule, qui se fait dans l’esprit d’une femme, lorsqu’elle voit les mêmes raisonnement de Panulphe dans la bouche d’un homme du monde, s’effacerait absolument dans la suite, par la réflexion qu’elle ferait sur la différence qu’il y a de Panulphe à l’homme qui lui parle : non seulement, dis-je, quand cela arriverait, cette première impression ne laisserait pas de produire tout l’effet que je prétends, comme je l’ai prouvé ; mais il est même faux qu’elle puisse être effacée entièrement, parce que, outre que ces raisonnements paraissent ridicules, comme je l’ai fait voir, ils le sont en effet, et ont toujours réellement quelque degré de ridicule dans la bouche de qui que ce soit, s’ils n’en ont pas partout un aussi grand que dans Panulphe. […] [NDE] Le « fond de la question » désigne le nœud de la polémique autour du Tartuffe, c’est-à-dire la possible confusion entre les vrais et les faux dévots.

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