Il est vrai, l’Ecriture sainte ne la defend pas expressément ; & ce fût ce prétexte, dont on se servoit du tems de saint Cyprien, pour authoriser le divertissement du theatre : mais ce ne fût qu’un faux prétexte : car l’Ecriture, répond ce grand Saint, Verecundiam passa plus interdixit, qui tacuit ; veritas, si ad hæc usque descenderet, pessimè de fidelibus suis sensisset. […] On agita de son tems la question, si on pouvoit manger la viande que les Idolatres avoient offertes & immolées aux fausses divinités. […] « C’est vous joüer, mon frere, écrivoit saint Cyprien, d’avoir dit anatheme au demon, comme vous avez fait recevant sur les Fonts la grace de Jesus-Christ, & de rechercher maintenant les fausses joies, qu’il vous présente dans ce spectacle de vanité. » Elle a raison la Demoiselle, que du moins les Devotes s’en doivent absténir : & ce seroit à juste titre qu’elle se scandaliseroit, si quelqu’une de ces Demoiselles, qui se sont volontairement engagées à passer leur vie en priéres & en œuvres de charité, venoit se montrer dant la Comedie ; si elle veut prendre, diroit elle fort bien, part à nos plaisirs & à nos passetems, qu’elle renonce à sa vie retirée & à la profession : voila, Madame, quels seroient les justes sentimens de cette fille sur la conduite des Devotes : mais pourquoi ne s’applique-t-elle pas des regles si justes & si raisonnables ? […] Qu’on abandonne donc dés à présent ce, dont on se repentira certainement à l’article de la mort, où l’on voit clairement toutes choses, & non plus par le faux jour de ses passions.