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32. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

Entr’autres pourquoi, j’avais demandé si c’est parcequ’on y joue Tartuffe qu’il fallait proscrire le théâtre : vous répondez que c’est parcequ’on joue Joconde et le mari à bonnes fortunes, « pièces qu’une fille chaste ne peut, dites-vous, entendre sans rougir. » Je ne sais, Monsieur, si vous avez assisté à la représentation des pièces dont vous parlez ; mais ce que je sais bien, et ce que savent toutes les mères de famille, c’est que de jeunes personnes apprennent la musique de Joconde ou de toute autre pièce, sans donner beaucoup d’attention aux paroles ; et pour qu’elles fussent capables d’en faire l’application, il leur faudrait une expérience, que vous avez sans doute, mais que n’ont point l’innocence et la candeur. […] Vous débutez par ce que vous appelez fort improprement une interpellation que m’adresserait une mère de famille, et ce que j’appellerai tout simplement une amplification de séminaire très-digne de figurer dans un sermon. Dans ce passage de votre réponse on voit pêle-mêle les adulations d’une foule d’étourdis auxquelles une demoiselle est exposée dans les bals ; les hommages imposteurs et les protestations mensongères, les vives émotions et les riches parures, les illusions ambitieuses et le prestige des signes de l’honneur, l’apparat de la puissance et les regards d’un grand seigneur, un corsage indiscret et une guirlande de roses déjà flétries… M. le Laïc (qui n’êtes point abbé), je m’humilie devant votre éloquence, et les mères de famille répondront pour moi à ce beau morceau qui fournirait en vérité le texte d’une mission toute entière.

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