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247. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Les Comédiens en sont assez persuadés eux-mêmes par l’éloignement qu’ils trouvent souvent dans le commerce de la vie : car y a t-il un honnête Bourgeois qui voulût s’allier à une famille Comédienne ? […] Je connais une Demoiselle qui a demeuré plus de quatre années dans une maison dont un Comédien était le principal locataire, et qui pendant tout ce temps ne fréquenta et ne visita la famille Comédienne que quand elle ne le pouvait éviter, quoiqu’on ne manquât pas de la gratifier souvent de billets d’Amphithéâtre qu’elle avait soin ou de renvoyer ou de supprimer. […] Il me dit qu’étant un jour chez un Comédien, je crois qu’il me dit Beauvalle, pour les affaires de son ministère (car à cela près, les Messieurs de Saint Sulpice n’ont pas plus de commerce avec vos bons amis, que les Juifs en avaient, avec les Samaritains) ce Comédien fit venir devant lui toute sa famille, assez nombreuse et assez jolie ; il lui fit le détail de l’éducation qu’il donnait à ses enfants, il lui parla de leur génie, de leurs petits talents, de ce à quoi il les croyait propres, et de la profession à laquelle il les destinait. […] Il demeura d’accord de tout cela, en ajoutant cependant, j’ai une grosse famille à nourrir, je n’ai pas d’autre métier pour l’entretenir, je ne puis me résoudre à la voir mourir de faim après l’avoir mise au monde : tout ce que je puis faire, c’est de mettre mes enfants dans un autre chemin que celui dans lequel je suis malheureusement engagé.

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