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209. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Saint Charles ne s’est pas contenté de faire des Ordonnances contre la Comédie pour la conduite de son Diocèse et de sa Province, mais dans les Règlements de sa Famille il défend encore expressément à ses domestiques de se trouver jamais aux Comédies ni aux farces des baladins. […] J’en ai confessé et connu assez particulièrement, qui hors du Théâtre et dans leur famille, menaient la vie du monde la plus exemplaire : et vous m’avez dit vous-même, que tous en général, prenaient sur la masse de leur gain de quoi faire des aumônes considérables, dont les Magistrats et les Supérieurs des Couvents pourraient rendre de bons témoignages. […] « Mais il en a confessé, dit-il, qui hors du Théâtre et dans leur famille, menaient la vie du monde la plus exemplaire. » Je voudrais que notre Docteur ne mît, pas encore une fois la Confession en jeu, et qu’il ne fît pas ici un lieu commun d’une chose qui doit être toute sainte et toute secrète. Mais quand ce qu’il dit serait vrai, cela ne suffirait pas pour canoniser un Comédien, non plus qu’on ne canonisera pas certaines femmes qui font les béates dans les Eglises, et qui sont effectivement des enragées dans leur famille ; « Bonum ex integra causa», disent les Philosophes : les hauts et les bas ne se souffrent point particulièrement dans la vie d’un Chrétien qui doit être toute unie ; et la règle qui doit l’unir, c’est l’Evangile de Jésus-Christ.

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