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67. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

Car si elle nomme Helie le cocher d’Israël, elle n’appreuue pas pour cela les courses du cirq, puisque iamais Helie n’a couru dans céte fameuse academie de la superstition ; & si Dauid a fait des cõcerts de musique, pour adorer le vray Dieu & honorer l’Arche d’alliance, cela ne conclud pas en faueur des Chrestiens qui se meslent parmy les Gentils sur le theatre, & qui s’y font imitateurs de leurs impietez ; puisque iamais Dauid n’a representé les fables & les ordures de la Grece auec des détours & des mouuements impudiques de tout le corps, comme les Athletes dans le cirq. […] Ainsi vn hõme qui est souple de tous ses mẽbres quoy qu’il ait le corps affoibly de débauches ; vn hõme qui ne merite pas le nom de fẽme pour ses dissolutiõs ; bref vn ie ne sçay qui, vn voluptueux, vn mõstre en nos iours qui n’est ny hõme ny femme, a biẽ le pouuoir de ietter le desordre dans vne ville, & de donner par ses bouffõneries vn credit absolu aux salles plaisirs & aux fables du temps passé, qu’il fait reuiure dans la scene : C’est de céte façon que nôtre nature defectueuse nous porte à l’amour des choses illicites ; & que les hommes pour authoriser leurs vices recherchent les memoires des anciens afin d’en tirer quelques mauuaises actions qui ont esté la proye de plusieurs siecles, & que l’aage deuroit auoir estouffées, ces squelettes qui sont fraischement sorties de la poussiere & du tombeau, paraissent sur le theatre ; & comme si les voluptez n’auoient pas assez d’empire d’elles mesmes, on expose aux Spectateurs ces exemples de l’impudicité de nos ancestres, pour leur en donner dauantage.

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