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226. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Pour excuser tant d’atrocités, & de fourberie qu’on ne peut dissimuler, on se jette sur l’imprudence des Papes qui, dit-on, ne ménagèrent pas assez Elisabeth, reçurent mal ses Ambassadeurs, l’excommunièrent, la déposèrent, délièrent ses Sujets du serment de fidélité, sur quoi on lui fait dire ce bon mot : Le Pape veut donc tout perdre pour me faire beaucoup gagner  ; c’est la fable du loup & de l’agneau ; on pourroit dire que c’étoient la France & l’Espagne qui aigrissoient les Papes contre elle, qu’il lui étoit si aisé de se concilier avec eux, qu’elle se ligue avec Sixte V contre Philippe II ; on pourroit dire que les Souverains, comme les particuliers ont quelquefois des caractères brusques, & des momens de mauvaise humeur qu’il peut leur échapper, des vivacités & des aigreurs, qu’on rend mal leurs paroles, qu’on empoisonne leurs expressions. […] Écrivain médiocre, autant que Prince médiocre ; ses ouvrages ne valent pas mieux que ses sentimens, mais l’esprit de la secte & l’enthousiasme d’un savant éteignirent en lui les sentimens de la nature & de l’honneur, il en fut puni dans sa postérité qui a perdu le trône de la Grande Bretagne dans la personne de son petit-fils détrôné par son propre gendre ; il en fut puni dans son fils & son successeur Charles I qui périt sur un échaffaud comme sa mère, ainsi par un évenement unique dans l’histoire, le Roi Jacques, ou selon l’expression des Anglois la Reine Jacques, Regina Jacobus, qui le premier des Stuart abandonna la Religion Catholique & acheva de la perdre dans ses Etats, se trouve placé entre deux morts les plus tragiques qui furent jamais, de sa mère par Elisabeth, de son fils par Cromvel.

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